Monday, May 31, 2010

Henningsvær, le retour de la vengeance

Somewhere over the rainbow : le ciel est pas si bleu, il est à la fois nuageux et très coloré, même en Juin. Et pour en être témoin, à mi-chemin entre le masochisme et l'émerveillement, je suis partit affronter la tempête et le froid Norvégien une fois de plus toute la fin de semaine. Destination : Henningsvær, la Venise du Nord. Suite à un bref passage familiale façon "tourisme chic" dans ce coin reculé du monde il y a deux ans, avec à la clef une dégustation de baleine bleu à la poêle sur fond de soleil couchant, une nuit dans un Rorbuer tout confo et une séance de pêche aussi typique qu'infructueuse (clin d'oeil au paternel), il était grand temps d'enfiler mes chaussures de marche et de prendre de la hauteur. Car oui, moi aussi j'avais envi de voir à quoi ressemble le petit archipel depuis les sommets environnant et de contempler ses eaux transparentes comme un miroir*.

Photo 1 : Henningsvær, la Venise du Nord.

Photo 2 : Henningsvær, petite ville de pêcheurs avec ses séchoirs à poisson géants.

Pour tout un tas de raisons ce post a failli s'intituler "semaine déprimante". Mais c'était sans compter le retournement de situation de dernière seconde avec l'arrivée providentielle d'un plan de bataille livré clef en mains, croquis dessiné sur un coin de table de toute la région entourant un lieu que je ne pouvais désormais plus me permettre d'éviter. Ça et l'assurance de conditions météo idéales (à partir de là vous voyez la chute venir de loin j'imagine ^^). Le sac sur le dos, une double ration de vêtements chauds, de nourriture et de café, me voilà donc samedi matin, aux aurores, à bord du bus effectuant le trajet Narvik - Svolvær - Henningsvær pour 6 heures de routes, entouré par des paysages beaux à renverser un troupeau de gnous (voir tous les posts précédents pour vous en convaincre).

Après un court arrêt dans la ville de Svolvær, une ballade le long des rives d'Henningsvaer et une pause de plus de deux heures entre les murs du KlattreKafé (littéralement "café de l'escalade") à dévorer un bon vieux roman de Stephen King. Après avoir attendu que les nuages daignent quitter le sommet tant convoité. Bref, après avoir attendu la confirmation que les prévisions météo Norvégienne sont aussi fiable que le résultat d'un lancé d'une pièce de monnaie ... il était grand temps de commencer mon ascension (amen). 3 heures d'effort plus tard, dans le vent et sous la pluie, me voilà rendu du sommet.

Photo 3 : over the top.

Photo 4 : vue sur l'archipel d'Henningsvær à minuit.

Photo 5 : panorama sur l'ouest de la région des Lofotens.

Photo 6 : panorama au dessus d'Henningsvær.

Photo 7 : tempête de neige au sommet.

Difficile, une fois de plus, de décrire le sentiment de ce qu'on ressent en étant propulsé face à un paysage comme celui-là. En face de moi se dévoile un mélange entre les couleurs d'une journée éternelle et la splendeur des montagnes plongeants directement dans les fjords glacés. L'essentiel reste invisible pour les yeux. À haute altitude la pluie s'est vite transformée en neige et le vent, tranquillement, a commencé à diminuer, jusqu'à disparaitre. Et je suis resté là, au son de mon lecteur mp3 et de l'écho du silence d'une région endormie, à attendre. Attendre de voir les nuages passer et le tons des couleurs évoluer. Au rythme de la musique. Attendre de savoir au bout de combien temps j'arriverais à me lasser de la vue.

Mais, bien entendu, ce moment n'est jamais venu. Il fallait pourtant repartir : une absence de bus le dimanche m'as forcé à devoir marcher une dizaine de kilomètre après la descente pour me rendre plus loin sur la côte dans le petite village de Rørvik. De là, après un certain nombre de tentatives infructueuses, j'ai réussi à m'attirer la sympathie d'un automobiliste Norvégien pour me faire déposer suffisamment tôt à Svolvær et attraper le seul bus de la journée me ramenant à Narvik. Cette péripétie est une longue histoire en soit. Elle parle de l'art de la pêche des crabes royaux (king crabs) et des baleines bleues, elle parle aussi de la tarification étrange des transports norvégiens, elle parle encore de la capacité de certains conducteurs du bus à vous empêcher de dormir tellement ils conduisent mal, elle parle enfin du repas consistant que je me suis fait en arrivant et du bain chaud bouillant qui m'attendait. Bref, elle parle de tout et de rien et fait aussi partit de l'aventure. En fait elle raconte surtout que j'ai réussi à me rendre à destination et que je serais bien partant pour remettre ca la fin de semaine prochaine ...

Photo 8 : Plage de Rørvik.

(*) Cette expression est sous licence poétique. Je tairais le nom de son auteur sous peur de représailles et parce qu'elle a nommé un bananier en mon nom. Si elle pouvait me redonner un peu de fleurs de thé au jasmin et partager sa bibliothèque musicale sous spotify ca serait cool aussi :)